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  • : desgoutsetdescouleurs
  • : Passionné de littérature, j'écris des nouvelles et autres textes courts. J'ai aussi commis deux romans dont un qui vient de sortir sur Atramenta.net : le long chemin de l'oubli. il est aussi en vente sur Amazon et dans toutes les librairies, digne de ce nom. J'affectionne aussi le dessin,la peinture : Aquarelle-Pastel-Huile, la sculpture sur bois.portraits de leo ferré, brassens. sculpture sur bois
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6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 11:57

J’arrivais dans cette rue d’un pas décidé, alors qu’un orage aussi soudain qu’imprévu était en train d’éclater sur la ville. La pluie ajoutée aux bourrasques était si forte qu’en l’espace de quelques dizaines de secondes, sans parapluie, je fus trempé de la tête aux pieds. J’avais l’air malin, dégoulinant d’eau, d’entrer chez la fleuriste. Le temps de le dire et la pluie venait de cesser, laissant remonter du sol une légère vapeur d’eau due au soleil maintenant revenu ! Dés mon entrée, la commerçante me regarda avec des yeux exorbités !

– Ça pleut, questionna-t-elle ?

– Comme vous le voyez, je ne sors pas de dessous ma douche !

– Je n’ai pas vu venir l’orage, osa-t-elle rajouter !

– Moi non plus, rassurez-vous, sinon j’aurais pris un parapluie.

Trêve de plaisanteries, dis-je d’un air un peu maussade, je voudrais un bouquet de roses bleues, c’est pour cela que je me suis mouillé. À l’énoncé de ma demande, la fleuriste afficha un air de franche surprise. Elle n’avait pas cette couleur ! Je m’en doutais ! Pour une fois que l’idée m’était venue aussi facilement !

– vous comprenez, ma femme ou plutôt ma maîtresse a les yeux bleus et elle adore cette couleur, même les murs du studio que je viens de lui offrir sont tapissés en bleu ! Les draps, les rideaux, même ses sous-vêtements sont bleus ! Alors, vous comprenez…

– je comprends bien, Monsieur, mais le bleu n’existe pas pour les roses, même les hybrides !

– ce n’est pas forcément un bleu franc qu’il me faut, je pourrais me contenter d’un bleu pâle. Dans l’échelle des valeurs vous pourriez voir avec un bleu opalin et ça pourrait très bien faire l’affaire.

– oui, je vois bien, mais cela reste bleu et que l’on prenne les choses dans n’importe quel sens on en revient toujours au même coloris !

La fleuriste commençait, je le voyais bien, à être un peu exaspérée par mon entêtement, c’est à cet instant qu’une jeune fille d’une dizaine d’années fit son entrée dans la boutique, tel un trublion ! Je compris vite qu’il s’agissait de la fille de la commerçante qui arrivait de l’école et qui après avoir posé son cartable derrière le comptoir vint m’aborder sous le regard à peine étonné de sa mère. En toute innocence et alors, que bien sûr elle ne savait rien de l’état d’avancement de la transaction, elle me lança :

– Bonjour Monsieur, vous voudriez acheter quelle fleur et n’attendant pas ma réponse, me dit : je suis sûr que vous aimez le bleu ! J’ai ce qu’il vous faut ! Ah, fis-je avec un sourire amusé, vous êtes sûre ? Je ne savais plus en la circonstance à quel jeu j’étais en train de jouer ? Celui de ne pas vexer la mère qui avait déjà usé pas mal sa patience avec moi, ou, faire plaisir à la gamine qui venait de se mettre en quête de mes désirs. La mère ne sachant de quelle manière intervenir, attendit le retour de sa fille en changeant pour un vase plus petit, des fleurs coupées, dont la courbure risquait de faire se briser leurs trop longues tiges.

La jeune fille venait de revenir toute fière brandissant à bout de bras un vase aussi bleu que les lys qui le garnissaient. Que pouvais-je dire, les fleurs étaient bleues ! La fleuriste, elle, me regardait d’un air questionneur. Elle devait bien se dire, que lui ayant cassé les pieds pendant tout ce temps pour finir par acheter autre chose que des roses, ce n’était pas possible ! J’allais certainement opter pour des roses d’une autre couleur a-t-elle dû penser !

La jeune fille, elle, commençait à sortir les fleurs une à une du vase aux fins d’en faire un bouquet. Elle faisait cela avec tellement de bonne volonté et de manière si professionnelle, que ni sa mère, ni moi n’avons osé la contredire. C’est ainsi que je repartais retrouver ma belle avec un énorme bouquet de fleurs. Inutile de dire que même si je l’avais souhaité, je n’eus pas l’accolade de la commerçante !

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25 mars 2014 2 25 /03 /mars /2014 11:32

Depuis le temps que l’on clame que je suis maladroit ! J’ai même le sentiment d’être constamment sous surveillance, qu’un espion, au fond de la pièce ou quelque part derrière une porte, le sourcil levé m’observe.

J’ai pourtant enfilé le tablier couleur bordeaux, dûment noué autour du cou et de la taille, qui me va si bien. Si en plus, j’avais l’élégance du bon geste, synonyme d’expérience tout se passerai bien, mais malheureusement c’est loin d’être le cas…

Ça fait bien deux mois que je m’essaie à la cuisine avec le plus grand sérieux, me plongeant dans les livres de recettes avec avidité, certain qu’avec tous leurs conseils, je pourrai faire des merveilles ! Jusqu’à maintenant, j’ai réussis de petits plats pas très compliqués et ce n’est pas facile d’autant que la maladresse légendaire qu’on me prête, me tourne souvent en ridicule, comme cette fois ou voulant couper très menu une poignée de fines herbes, je me coupais le même jour le bout du pouce et de l’index, me mettant sur la touche pendant quelques jours, le temps que les plaies se referment, car avec deux doigts consciencieusement entouré de sparadrap, j’étais empoté au-delà du possible. Mais je ne désespérais pas, bien au contraire ! J’avais même investi dans du matériel neuf, casseroles en cuivre, four à chaleur tournante et affichage digital, identique au matériel des grands chefs, j’avais vraiment tout pour prendre mon pied en cuisine.

Il ne me restait maintenant plus qu’à lancer les invitations aux amis. Ma crainte évidemment, se trouvait dans leurs éventuelles critiques et je les imaginais sans concessions.

J’avais prévu, une entrée de crudité de saison – nous étions en automne depuis peu – et les tomates étaient encore d’actualité avec des œufs mimosas, ensuite venait un plat de viande en sauce, salade, ainsi que le fromage de la région, « le bleu d’Auvergne »

Tout se déroula très bien, même au-delà de mes espérances. Tout le monde me félicitait au point que je pouvais envisager de faire encore mieux la prochaine fois. Avais-je pris trop d’assurance que cela devait me conduire à la faute ? En tous les cas, alors que j’amenais le récipient de sauce sur la table, un joli récipient acheté voilà des années dans une manufacture de porcelaine de Limoges, l’anse se brisa répandant contenant et contenu sur la moquette du salon.

J’avais oublié que l’anse qui s’était déjà rompue voilà quelque temps après une chute avait été rafistolé avec de la colle super-glue, elle avait tenu jusqu’à là, mais cette fois-ci j’avais négligé de prendre des précautions supplémentaires, il avait passé au lave-vaisselle !

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 15:35

 

Brr…fait pas chaud ! Avec ses rafales de vent, même les trembles n’en peuvent plus de frissonner, dispersant dans le prolongement de leurs silhouettes partiellement dépouillées, leurs dernières feuilles mordorées.

Le buisson qui fait barrage aux intrus, autour du jardin, a gardé sa verdure originelle. Octobre n’aura pas raison de lui. Il faudra les neiges de janvier et février pour le voir se dépouiller un peu et devenir plus brun avec de-ci, de-là quelques rousseurs, mais des mèches aussi vertes que rebelles arriveront toujours à perdurer.

La journée a passé ainsi, morose. En soirée l’orage a grondé. Le ciel était bien noir et puis ensuite tout s’est calmé. La nuit était venue…

J’ai mal dormi, fait des cauchemars… « L’orage toujours l’orage qui écumait de rage au dessus de moi. Des gens affreux qui venaient me voir, m’admirer, se pencher à presque me toucher…mais pourquoi moi ?

Ils avaient l’air d’aimer mes rondeurs, mes couleurs, mes rousseurs, moi qui étais pourtant bien plus jaune orangé que carmin ! »

C’est lorsque les cloches de l’église ont carillonné à toute volée, que mon cauchemar a cessé. Au ciel des nuages blancs moutonnaient en troupeaux abondants poussé par un vent violent. Tandis que plus bas, une brume épaisse plombait l’horizon.

Quand, au cours de la matinée, le brouillard se mit à tomber enfin, je crus à une averse tant cela ruisselait de partout et à profusion. Au sol, un tapis de feuilles mortes luisait dans la lumière du matin, donnant un aspect chatoyant à leurs couleurs automnales.

Au dessus de moi et tout autour de grandes feuilles vertes, jouaient le rôle de parasol ; repues d’eau, elles laissaient pendre à leur périphérie alourdie, pléthore de gouttes d’eau sans cesse renouvelées, à la manière de breloques pendues au cou d’un récipiendaire.

Avec cette humidité froide d’octobre, il ne me restait plus qu’à me pelotonner dans un petit coin, quitte à me languir ; mais comment faire, quand on a tant de rondeurs ?

L’avenir ne me parait pas très reluisant, d’autant que bientôt, alors que je suis rempli d’amour, je vais sous peu, devoir passer entre des mains criminelles, être transpercée de part en part et tout ça… pour faire peur aux fantômes ! Moi, pauvre citrouille…

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 10:54

 

 

 

À compte d’éditeur

 

Les gendarmes ! annonça-il à Madeleine avec un peu de panique dans la voix. Ils n’eurent guère le temps de réfléchir, qu’ils entendirent « ouvrez, s’il-vous-plaît Gendarmerie ! » L’un des gendarmes somma Georges de se vêtir et de les suivre. Elle entendit les portières claquer, les véhicules s’éloigner, laissant place au silence qui recouvrit à nouveau la campagne encore endormie. Madeleine restait seule. Elle gambergeait… Ils n’ont pas perdu de temps, pensa-t-elle…

 

L’entourage proche du couple connaissait leur désir de changer de vie et de vivre plus proche de la nature. Lors des réunions familiales, les conversations revenaient sur ce sujet comme un leitmotiv. Perçus par beaucoup comme une boutade, personne n’avait songé à demander des détails.

 

La cinquantaine tous les deux, sans enfant, une situation apparemment stable ; rien, sinon cette envie irrépressible de partir, ne pouvait laisser augurer une telle rupture. L’effet à l’annonce de leur départ, avait aussi surpris leurs collègues de travail qui en restèrent cois.

 

Ils roulèrent en dilettante avec leur 2 CV pendant plusieurs jours, sans autre but que celui d’aller en direction du Sud de la France. Ils étaient confrontés pour la première fois, depuis bien longtemps, à l’inconfort des nuits à la belle étoile. Elles étaient plutôt fraîches et la voiture trop exiguë pour y dormir confortablement. Pourtant, ils attendaient d’arriver dans un lieu agréable pour installer un campement plus durable. Georges et Madeleine ne donnèrent aucunes nouvelles à la famille et aux amis. Ils avaient coupé les ponts avec leur vie d’avant !

 

Ils avaient fini par échouer dans un petit village isolé du Larzac, disposant d’un modeste camping. Ils avaient quand même de quoi y planter leur vieille canadienne, dont la toile délavée avec de-ci, de-là quelques traces de moisissures laissant supposer qu’elle n’avait pas du servir depuis des lustres. Désormais, tout semblait précaire. Ils avaient négocié le tarif de leur séjour, sans en préciser la durée exacte. Le prix semblait avoir été fait à la tête du client et ils ne devaient pas avoir mauvaise tête, puisqu’il était pensèrent-ils, ridiculement bas ! Le principal pour eux, était de voir le séjour durer le plus longtemps possible. Georges avait même pensé qu’étant assez manuel il pourrait, si besoin, faire des petits boulots : du jardinage pour des petits vieux ou n’importe quoi autre. Pour lui ça n’avait aucune espèce d’importance.

   

La famille s’était questionnée sur les démarches à faire pour les ramener à la raison. À la gendarmerie, les fonctionnaires qui les avaient reçus leur avaient conseillé d’attendre encore un peu, qu’il fallait prendre patience, ne pas se lamenter, ils allaient bien réfléchir et se rendre compte que tout cela n’était que folie… De toute façon, avait rajouté un des fonctionnaires, si nous lançons une recherche et qu’elle aboutit, nous ne pourrons pas les obliger à revenir. Ils sont adultes et libres de leur choix !

Devant ce vide, la famille décida d’investir le domicile des fuyards pour mener leur petite enquête. Espéraient-ils trouver une trace de leurs destinations ?

Découvrir dans le fond d’un tiroir la piste laissée sur leurs intentions véritables et si le projet était aussi flou qu’ils avaient bien voulu le laisser entendre ? D’ailleurs, comme le pensait l’un d’eux : – pourquoi nous ont-ils laissé les clefs ?

Ils se regardèrent tous, mi-figue, mi-raisin sur ce qu’il fallait en penser.

 – C’est bien vrai, dit le frère de Georges

 – Ma parole, c’est vrai ça, dit un autre !

Ils hésitèrent encore un moment, puis l’un d’eux alla chez lui chercher les fameuses clefs.

Ils se mirent à fouiller la maison de la cave au grenier, en quête du moindre indice. L’un d’eux ayant pénétré dans le bureau, convaincu qu’il y trouverait quelque chose, en ressortit bien déçu. C’est en fouillant une autre chambre qu’un des participants, pourtant dans les moins convaincus sur l’utilité de cette recherche, trouva dans un tiroir d’une des tables de nuit ce qu’il pensa être un indice. C’était un tapuscrit, de ce qui semblait être un roman. Seulement il était rayé en diagonale par un coup de crayon vigoureux et l’annotation en gros caractères « nul ». Cela mit l’eau à la bouche d’un peu tout le monde. Enfin ils avaient une piste ! Madame écrivait un roman ! Il lut les toutes premières pages et en déduisit que c’était plutôt un bouquin à l’eau de rose. En son for intérieur, il n’était pas étonné d’y voir inscrit : « nul », il trouvait ce genre de livre plutôt niais.

D’ailleurs l’excitation passée, alors qu’il remettait le document à sa place, il eut un petit coup de fatigue et se mit à bailler aux corneilles. Il n’était pourtant pas au bout de ses peines… dans le tiroir inférieur de l’armoire normande, il trouva encore des écrits. Il y en avait tant – il en débordait presque – qu’il en poussa un soupir de lassitude... « Si je dois lire tout ça, je vais en avoir ma claque avant peu, se dit-il ! »

 

Un sentiment d’inquiétude indicible régnait, lorsque tous se retrouvèrent dans la pièce principale de la maison, pour faire le bilan des recherches. L’un d’eux avait trouvé une grande enveloppe décachetée, renfermant un tapuscrit et une lettre d’éditeur. À lire sa prose, elle ne laissait aucun doute sur la fin de non-recevoir qui lui était destinée. Un autre avait une liasse de relevés de banque, dont le solde débiteur abyssal expliquait peut-être la disparition du couple. Tous restèrent perplexes… Qu’allait-il advenir maintenant à nos deux fuyards ?

 

Madeleine apprit par les commérages, qu’un crime avait été commis dans le petit bourg. Selon les dires enregistrés par les gendarmes, Georges avait été reconnu sur les lieux du crime ; il était donc le suspect numéro un !

Madeleine était atterrée ! Avoir fait tout ce chemin pour se mettre au vert et se retrouver au banc des accusés, alors qu’il n’avait de toute évidence rien à se reprocher, dans une région qu’ils ne connaissaient pas et où ils avaient eu du mal à s’intégrer... Il était facile de tout leur mettre sur le dos ! L’enquête dura plusieurs semaines pendant lesquelles, elle se mit à écrire tout ce qui pouvait lui passer par la tête sur l’histoire horrible qu’ils étaient en train de vivre. Du côté de l’enquête, les choses commençaient à se décanter. Les gendarmes ne disaient rien, mais elle était suffisamment intuitive pour deviner que les nuages commençaient à s’estomper au dessus de sa tête.

La presse par contre en fit beaucoup et l’affaire se répandit comme une traînée de poudre dans tout le pays. Au point que dans leur village d’origine, la famille consternée par la tournure des évènements, tout en étant soulagée de les avoir ainsi retrouvés, se préparaient à les soutenir.

 

Depuis l’arrestation de son mari, Madeleine qui avait toujours eu le démon de la plume rédigeait le récit de leur aventure, car c’en était bien une ! Cela prenait de plus en plus de volume. Lorsque l’affaire fut éclaircie, le vrai coupable arrêté et Georges libéré, elle y avait mis le point final. Il s’était écoulé deux mois pendant lesquels il avait été en prison pour rien, tel un bandit de grand chemin. Il retrouva sa famille venue l’accueillir et tous, sans exception, rentrèrent chez eux.

La seule gratification obtenue, suite à cette aventure malheureuse, fut qu’un éditeur de renom la joigne au téléphone et lui demande l’autorisation d’écrire un livre sur leur histoire. Il avait même envisagé de le faire rédiger par un nègre. Elle rejeta la proposition d’emblée, assurant son interlocuteur qu’elle n’avait nul besoin de ce service, mais qu’elle allait lui remettre sans tarder son tapuscrit. Il accepta et six mois plus tard sa sortie faisait les premières pages des journaux spécialisés, ainsi que toutes les devantures de librairies. Il lui avait fallu cette malheureuse histoire pour mériter d’être éditée à compte d’éditeur et ainsi régler ses dettes !

 

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 18:14

L’éclair au chocolat

Impossible de dire si son visage exprimait plus d’émotion que d’effroi. Elle n’en revenait pas.

Alors qu’elle faisait ses courses, elle l’avait croisé en ville…

Elle avait fini par rentrer chez elle, mais elle était tellement subjuguée, que sa seule réaction fut de s’asseoir sur une chaise à rêvasser… À quoi d’autre pouvait-elle bien penser ?

Au bout de quelques minutes, elle se ressaisit un peu, reprit peu à peu ses esprits, il était alors presque midi, l’heure du repas. Elle se demanda ce qu’elle allait bien pouvoir préparer, en oubliant que justement elle venait de rentrer des courses !

Elle sortit ses achats du cabas et les étala sur la table de la cuisine comme sur un étal de marché. Se trouvait là : un lot de divers légumes – carottes, salade… –, un paquet de riz, des chips, des plats préparés divers, un steak dans son emballage, une baguette de pain et un éclair au chocolat dans une petite boîte en carton.

Elle entreprit d’éplucher ses carottes pour ensuite les râper, cela ferait bien son entrée. Il ne lui restait ensuite plus qu’à faire cuire son steak et à piocher dans son paquet de chips. À peine avait-elle fini de tout préparer qu’elle se rendit compte qu’elle avait oublié de préparer la salade. Cela ne la tracassa pas ; ce sera pour ce soir se dit-elle ! Elle s’attabla devant ce qu’elle avait concocté, sans vraiment d’appétit. C’était tous les jours la même chose, elle n’avait jamais eu le goût pour la cuisine, y préférant les plats préparés.

Du vivant de son mari et surtout depuis qu’il était à la retraite, c’était lui qui s’en chargeait.

Aujourd’hui, la plaie s’était ravivée. À peine six mois après sa disparition, elle venait de croiser un homme en tous points similaires, un vrai sosie. De plus, il lui avait jeté un regard appuyé. Elle l’avait même vu se retourner… Il marchait tranquillement avec à son bras une femme brune, comme elle.

Pendant quelques minutes, elle resta figée au milieu du trottoir, alors qu’il s’éloignait.

À ce moment là, elle se rappelait les bons moments qu’ils avaient pu passer ensemble et si tout n’avait pas été comme sur des roulettes, elle n’avait pas grand-chose à regretter. C’était une seconde noce pour l’un comme pour l’autre, elle aurait pu tomber plus mal…

Avec un brin de vague à l’âme et les yeux encore un peu embués, elle essaya de se détacher de ses souvenirs. Elle ouvrit machinalement le carton de pâtisserie, la gourmandise étant plus forte que tout, et son regard devint plus vif ; elle venait de retrouver un éclair… de lucidité !

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 17:40

La lumière au bout du tunnel


  J’étais mûr pour devoir encore patienter un bon moment ! Ces derniers temps pourtant, régulièrement, ils se présentaient frétillants au bout du tunnel, sans qu’aucun ne parvienne à franchir le rubicon. Je devais les intimider bougrement, pour qu’ils n’osent s’aventurer plus loin, où alors manquaient-ils de vigueur, mes espoirs, ainsi que ceux de ma patronne allaient-ils encore être vains ?


  Ils redoublaient pourtant d’effort pour parvenir jusqu’à mon antre. Ma patronne n’avait pas dû faire le bon choix pour recruter les candidats !

  J’avais beau ne pas être parfait, les bons côtés n’étaient pas absents, l’exercice lui permettait au moins de s’offrir du bon temps !

  Elle faisait pourtant des efforts, mais quelquefois, j’avais l’impression à l’écoute de ses soupirs, de ses cris et de ses chuchotements que son sérieux n’était pas toujours de rigueur… tous les soirs et même de temps en temps le matin, elle remettait ça. J’en étais ainsi tout secoué… d’émotion.

Le seul défaut que je me reconnaisse, est celui d’être casanier, et, si la nature ne me poussait pas régulièrement dehors, je ne sortirais jamais de chez moi. Mais voyez-vous, la nature a ses règles…et il faut bien y obéir ! Au grand regret de ma patronne, je partais donc quelques jours, faire un tour.

Quelques temps plus tard, tout semblait être revenu à la normale. Ma patronne – qui ne manquait pas de ressort – aborda la nouvelle période avec une fougue redoublée ! Je fis, de mon côté, tout pour favoriser la chose, oubliant la nausée que m’inspirait les soubresauts ainsi imposés. Heureusement, à l’épreuve du temps, je pouvais constater que mon repos avait été bien utile.


 La température montait de jour en jour, j’en devenais tout tourneboulé. J’aurais voulu sortir, mais au bout du tunnel, ça se bousculait de nouveau. Ils se précipitaient tous ! Comme d’habitude, beaucoup échouaient sur le bas côté, épuisés. Allaient-ils réussir cette fois-ci ? Échouer en si bon chemin eut-été de la malchance ! D’autant, qu’il en suffisait d’un seul, un peu plus téméraire que les autres ! C’est à ce moment là, alors que je ne m’y attendais plus, qu’il y eut le choc, la pénétration… puis… neuf longs mois d’attente !

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 11:03

   ce texte qui raconte le rapport affectif qu'un homme a avec son chien a été écrit avec un contrainte chère à Perec... l'abscence du a dans tout le texte

 

 

 

Un dernier soupir.

 

En ce début de journée de septembre, le soleil perce difficilement les cumulo-nimbus qu’un terrible vent pousse d’Ouest en Est. Olivier espère du soleil, qu’il se pointe enfin et dissolve cette brume dense et froide.

 

Il observe les péniches indolentes qui progressent, le petit jour venu, sur l’étendue sombre de leur chemin liquide. Sur les berges, recouvertes d’une herbe dense et en divers endroits touffue, un sentier entreprend de trouer la verdure prolixe. C’est le lieu de prédilection d’Olivier et de Méphisto, son fidèle Teckel, lors de leurs errements de lève-tôt. L’endroit est serein, c’est ce qu’il prise le plus en ce lieu et même si de temps en temps, on peut entendre le bruit d’un moteur tousser ou d’un pécheur s’énerver et jurer contre tous les dieux, source obligée de ses déboires, c’est selon lui, l’endroit rêvé pour se promener en toute quiétude.

 

Le blouson d’Olivier est fermé tout du long. En guise de couvre-chef, un vieux béret décoloré, lui protège le bourrichon du vent frisquet. Seules les douleurs osseuses muent son cheminement régulier en un pénible boitement. De son côté, Méphisto souffre des mêmes ennuis ; il n’empêche, il suit encore, empressé et l’espoir toujours contenté, une fois rentré de se coucher près du rebord de cheminée sur une vieille couverture. Courir le guilledou n’est nullement son lot, ni non plus les équipées guerrières derrière son chef, comme ses congénères.

 

Olivier s’oblige, tous les jours et même si les mouvements lui sont difficiles et sur plusieurs kilomètres, de se promener comme méthode contre l’ennui ; le retour s’effectue sur le côté opposé. Depuis quelques jours il se promène seul, Méphisto n’en peut plus, il souffre trop de tous ses membres pour suivre le rythme, même lent, qu’impose Olivier.

 

En ce jour, il ne veut point prendre cette direction, il est bien trop triste. Il se sent trop seul…

Olivier, troublé, se remémore l’œil humide cette fin de nuit, où il eut ce funeste pressentiment. Dès son réveil, il retrouve en cuisine une couffe vide. Méphisto est couché sur le côté un mètre plus loin, derrière le buffet comme pour tirer un voile pudique sur son infélicité. Immobile, les yeux presque vitreux, Olivier l’observe inquiet, il ne veut y songer, il est toujours ici ! Il croit qu’il bouge, oui…il bouge et puis une infime secousse… son dernier soupir…et plus rien… c’est fini…

Olivier le mis en terre, près du cerisier et n’eut en cette minute que le projet de reprendre ses excursions quotidiennes.

 

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 14:23

Une mer agitée.

 

Quand Jenny tomba du voilier en mer, elle eut le sentiment que ce qui ce passait n’était pas réel…

D’où elle se trouvait, Jenny crut apercevoir, au loin, le voilier qui tanguait dur. Pendant un moment, elle chercha du regard si quelqu’un était encore à bord, mais elle ne voyait rien, c’était bien trop loin. Il faut dire que c’était très agité ! Ne sachant pas nager, elle paniqua, se débattant comme elle pouvait, brassant l’eau de ses bras, de ses jambes, mais la houle la submergeait, la renvoyant encore plus loin. L’écume commençait à se former de ci, de là. Elle dut même à certains moments fermer la bouche pour ne pas en ingurgiter ! Plusieurs fois, elle eut la sensation de heurter des objets, sans pouvoir les identifier avec certitude, car elle avait bien du mal à garder les yeux ouverts, le contact avec l’eau les lui brûlait. Elle avait le sentiment que ses membres s’engourdissaient et la rendaient incapable de bouger. Elle était inévitablement entraînée vers le fond…Tout dans sa tête tournait, elle revoyait sa vie défiler… son fils, son fils surtout… elle crut même l’apercevoir en train de nager plus loin devant…il savait nager, ça ne l’étonna pas ! L’étonnement fut de le voir briser sur un rocher, le flacon de lavande qu’il avait à la main… il n’aimait pas cette odeur, elle avait oublié… Et puis, il y eut ensuite, ce tourbillon qui l’apeura, tout devint trouble… le parfum de lavande lui monta aux narines, puis une brise glacée… et dans un ultime tressautement très désordonné, elle se débattit violemment, chercha à s’agripper à ce qui se trouvait là… Le bord de la baignoire et d’atterrir sur le dallage froid de sa salle de bain.

En se retournant, elle se trouva toute penaude. Le petit voilier que son fils avait laissé traîner, flottait la quille en l’air, dans l’écume du dernier bain moussant à la mode. Sur le sol, une bouteille de lavande gisait en morceaux et les fenêtres ouvertes laissaient passer un courant d’air frais, qui finissait de la remettre dans la réalité.

Elle s’était endormie pour la ixième fois dans sa baignoire…

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 23:09

Le bonheur est chose fragile.

 

 

 

Notre homme était encore profondément endormi lorsque son réveil sonna, il était 9 heures !

Depuis plusieurs mois, le chômage l’avait réduit à tourner en rond dans un petit studio de vingt mètres carrés. Le confort y était rudimentaire. En dehors du nécessaire pour faire un peu de cuisine, un petit lit à une personne, une table en bois blanc et un vieux fauteuil en rotin élimé, c’était tout ce qu’il avait réussi à conserver. Force de la loi, tout ou presque, lui avait été saisi. Trop de dettes …

Il désespérait de trouver du travail, alors tous les matins, il compulsait les petites annonces du journal local. Comme tous les matins, Il enfila son pantalon et sa chemise, mais resta nu-pied. Il avait pris cette habitude, depuis qu’un voisin, avec qui il avait longuement discuté, lui avait vanté la méthode pour rester en bonne santé !

Ainsi, il se dirigea sans hâte vers la porte d’entrée, la boite à lettre y était encastrée. Avant même de l’ouvrir, il tira le rideau le masquant de la rue, jeta un œil dehors. Un frisson lui parcourut le dos, de la nuque au bas des reins, les voitures étaient recouvertes de givre et des stalactites de glace pendaient des gouttières du voisin. Pas étonnant se dit-il le ciel est bleu !

 À ce spectacle, il eut un sourire de contentement, il avait fait le bon pronostic ! Si seulement il en était de même pour le boulot. En pensant boulot, il songea qu’il n’avait toujours pas ouvert la boite aux lettres, trop occupé à regarder au dehors. Le journal en main, il alla prendre ses aises dans son fauteuil, levant les jambes à bonne hauteur pour ensuite, les croiser avec décontraction sur la table.

Le 17 de ce mois, ça fera un an qu’il est au chômage ! Il eut beau éplucher toutes les annonces, aucune ne correspondait à son profil ! C’était vrai que « saute-ruisseau » n’était pas une profession très courante ! Arpenter les boulevards, pour aller porter les problèmes au domicile des gens, n’était pas chose facile, mais avec son dernier patron le travail était devenu infernal, il avait toujours la main à son chronomètre et ne cessait de le harceler pour qu’il en fasse plus. Notre homme avait alors donné sa démission, épuisé, lassé de ne livrer que le malheur et les problèmes aux autres. La dernière fois qu’il avait « sévit », c’était à l’encontre d’un type qu’il crut de son âge, il n’avait pas vraiment su, avait-il cherché à savoir d’ailleurs ? Il habitait une pauvre cabane en périphérie de ville. Il semblait vivre avec sa fille, c’était du moins ce qu’il avait supposé, mais la situation inextricable dans laquelle il l’avait trouvé, l’avait laissé pantois. Pourtant il en avait vu d’autres !

Mais là, cette pauvre gamine enturbannée d’un bonnet et d’un polaire qui lui remontait au dessus du nez, pour se protéger du froid, son pauvre doudou : un petit chien à roulettes qu’elle avait installé sur ses genoux, lui fit mal au cœur. La seule richesse qu’ils devaient avoir à eux deux, était un petit collier probablement de piètre valeur, avec en médaillon un petit cœur avec des initiales : VAL !  Il avait laissé le papier officiel, bien forcé, c’était son travail. Mais il avait eu bien du mal à les abandonner. Avant de partir, il avait même sorti de sa poche de manteau, la pomme qu’il emmenait toujours sur lui, au cas d’un petit creux. Il referma la porte de clôture qui était faite de bric et de broc, tenant par des ficelles et de vieilles charnières rouillées. Il salua de la tête le père, jetant un dernier regard à la petite fille, il lui demanda : ton prénom, c’est Valérie ? Il reçut un sourire…

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9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 21:26

Les coquelicots.

 

Devant son chevalet, le peintre était soucieux. Il avait beau se lisser la barbe, comme il avait l’habitude de le faire à l’apparition d’une anomalie, rien n’y faisait. Ces sacrés coquelicots ne rendaient rien, ou tout au moins pas ce qu’il en espérait. Les taches plus ou moins clairsemées qu’il avait peintes pour les matérialiser, ne lui donnaient vraiment pas satisfaction. L’impression de vallonnement, qu’il devait donner à la composition, n’y était pas. Faire des semis sur un tableau, l’avait d’ailleurs toujours agacé, mais là, trop c’était trop ! Il était passablement énervé de cette situation, au point qu’il n’aurait supporté, à ce moment, aucun commentaire sur son travail et pourtant…

 

Les gens pensent que c’est chose facile. Mais, lorsque l’on peint des semis comme ceux-là, le hasard disparait le plus souvent, pour laisser place invariablement à l’envie de les ranger en quinconce, c’est plus naturel, c’est aussi plus moche ! Bien sûr, il sait que compte tenu de la perspective, ceux du premier plan sont plus détaillés que ceux au fond du tableau, ça il maîtrise ! Du coup, il laisse les coquelicots, il y reviendra plus tard ! Il va peindre l’ombrelle, la femme et l’enfant du premier plan. Il attaque ensuite le ciel. Ah ça, il aime les ciels ! Surtout quand il y a des nuages, d’ailleurs s’il n’y en a pas, il en met systématiquement ! Puisque pour lui, peindre des ciels unis, lui donne l’impression de peindre les murs de sa chambre ! En prenant du recul avec son travail, il observe de nouveau ce qu’il a fait... Il n’est toujours pas prêt à peindre les coquelicots, alors il se met à peindre les arbres. Ces taches sombres qui marquent l’horizon scindent en deux la composition et viennent de marquer la perspective, il le sait, il le sent…!

 

Il vient, avec ces arbres sombres et grossiers plantés en plein milieu du décor, de se retrouver avec sa peinture. Il pensait l’instant précédent avoir tout raté, mais ça revient, il se sent plus à l’aise ! Il passe donc aux touches rouges des fleurs de coquelicots, ses gestes deviennent frénétiques rajoutant de ci, de là du volume, le brossant de touches multiples, il alterne les couleurs, au point d’oublier les deux personnages, qui sur son modèle, en haut à gauche, semblent suivre un chemin imaginaire. Il les peint avec soin, ça y est, ce coup-ci, il pense avoir terminé ! Il se pose un instant, décide de prendre du recul, quelques longs pas en arrière, sans regarder où il mettait les pieds, il trébuche…il a oublié qu’une chaise trônait là, il s’y retrouve assis, un peu surpris…

 

Il a la sensation d’être à ce moment là, très bête, ridicule même. Mécaniquement, il se retourne guettant dans le vide de la pièce un éventuel regard indiscret, mais il n’y a personne…à part Claude Monet qui sur un poster géant affiché au mur derrière lui, dresse vers son admirateur, copieur, un regard ombrageux semblant lui dire : ce n’est pas parfait… il doit manquer quelques coquelicots !

 

 

 

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