Une mer agitée.
Quand Jenny tomba du voilier en mer, elle eut le sentiment que ce qui ce passait n’était pas réel…
D’où elle se trouvait, Jenny crut apercevoir, au loin, le voilier qui tanguait dur. Pendant un moment, elle chercha du regard si quelqu’un était encore à bord, mais elle ne voyait rien, c’était bien trop loin. Il faut dire que c’était très agité ! Ne sachant pas nager, elle paniqua, se débattant comme elle pouvait, brassant l’eau de ses bras, de ses jambes, mais la houle la submergeait, la renvoyant encore plus loin. L’écume commençait à se former de ci, de là. Elle dut même à certains moments fermer la bouche pour ne pas en ingurgiter ! Plusieurs fois, elle eut la sensation de heurter des objets, sans pouvoir les identifier avec certitude, car elle avait bien du mal à garder les yeux ouverts, le contact avec l’eau les lui brûlait. Elle avait le sentiment que ses membres s’engourdissaient et la rendaient incapable de bouger. Elle était inévitablement entraînée vers le fond…Tout dans sa tête tournait, elle revoyait sa vie défiler… son fils, son fils surtout… elle crut même l’apercevoir en train de nager plus loin devant…il savait nager, ça ne l’étonna pas ! L’étonnement fut de le voir briser sur un rocher, le flacon de lavande qu’il avait à la main… il n’aimait pas cette odeur, elle avait oublié… Et puis, il y eut ensuite, ce tourbillon qui l’apeura, tout devint trouble… le parfum de lavande lui monta aux narines, puis une brise glacée… et dans un ultime tressautement très désordonné, elle se débattit violemment, chercha à s’agripper à ce qui se trouvait là… Le bord de la baignoire et d’atterrir sur le dallage froid de sa salle de bain.
En se retournant, elle se trouva toute penaude. Le petit voilier que son fils avait laissé traîner, flottait la quille en l’air, dans l’écume du dernier bain moussant à la mode. Sur le sol, une bouteille de lavande gisait en morceaux et les fenêtres ouvertes laissaient passer un courant d’air frais, qui finissait de la remettre dans la réalité.
Elle s’était endormie pour la ixième fois dans sa baignoire…